"Être plein de bouche" est une expression qui signifie à peu près "avoir que de la gueule" ou en termes plus polis : parler beaucoup mais ne rien faire. Enfin c'est ce que j'ai compris de l'explication qu'on m'a donnée. Je laisse ceux que ça intéresse chercher + d'infos, pour ma part je me suis contentée d'écrire un texte.
Cet homme est plein de bouches. Et ces bouches sont pleines de mots, qui parfois sont trop haut, car ils parlent pour la peau, pour le corps, pour les eaux.
Cet homme est plein de rêves. Et ses bouches le dénoncent, car elles en disent toujours trop et toujours trop tôt. Mais il n'a pas assez de mains pour les masquer et les faire taire. Alors il se promène le long des villes et des rues, avec son air de livre ouvert, qui ne sait pas cacher, qui ne sait pas mentir.
Il en a mal au creux de lui, de trop parler et de trop dire. Il a des pensées qui s'évadent, qui s'envolent, s'évaporent, et toujours, autour, une oreille médisante pour transformer, juger, trahir et critiquer.
Et c'est dur, de ne pas savoir s'empêcher de dire...
Toutes ces bouches sont en lui, et sont pourtant ses ennemies.
Mais il voulait changer. Il prit son sac et ses bouches (qui de toutes façons ne voulaient ni le quitter ni se taire) et marcha jusqu'à la forêt. Il sentit la terre et les feuilles sous ses pieds. Le vent sur son visage. L'odeur de mousse et de nature.
Les bouches continuaient à parler, à dire ce qu'il était et ce qu'il sentait. Mais quelque chose d'étrange arriva : il était tellement bien et serein, qu'il ne pensait plus à rien. Les bouches en restèrent bées, n'ayant plus rien à articuler.
Leur hôte les ayant mis au chômage technique, elles décidèrent de partir. Alors une à une les bouches de l'homme l'ont quitté. Elles ont sauté dans la mousse et les feuilles, se sont senties vivantes par elles-mêmes. Elles se sont fondues dans la terre, dans les arbres, dans les airs.
Et elles sont restées. Prêtant leur voix aux lutins, aux elfes, aux farfadets.
Depuis, si vous passez par là en ouvrant vos cœurs et vos oreilles, vous entendrez sûrement l'appel de la forêt.
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